[su_dropcap style= »simple » size= »5″]N[/su_dropcap]ous sommes maintenant dans le Haut Moyen-Age. La société féodale s’organise. Les pouvoirs politiques et religieux communiquent par écrit. Les contrées d’Europe occidentale, qui étaient unifiées sous l’Empire romain, maintenant disparu, sont compartimentées sous des pouvoirs indépendants.
Il confie à Alcuin la réforme de l’enseignement de la grammaire, de l’éloquence et de l’écriture. Alcuin crée donc un type d’écriture qui sera la seule autorisée dans tout l’empire : la caroline. Elle s’inspire de diverses graphies semi-onciales alors en usage : wisigothe, lombarde, mérovingienne, etc. Les textes profanes de l’Antiquité, sacrés ou liturgiques, sont désormais copiés en caroline.
Pour la petite histoire locale, en 796, Charlemagne donne une quatrième abbaye à Alcuin, Saint-Martin de Tours, où ce dernier écrit ses ouvrages d’enseignement. Sous son impulsion, les [simple_tooltip content=’Qui est relatif, qui appartient à l’Écriture sainte‘]scripturaux[/simple_tooltip] atteindront un haut niveau de qualité. Ce qui fera de la cité ligérienne la capitale de la caroline, une lettre sans capitale…
D’autres sources font naître la caroline dans l’Abbaye de Corbie, près d’Amiens. Et plus précisément dans une Bible dite «de l’abbé Maugrabins», calligraphiée avant 778.
Aujourd’hui encore, nous bénéficions de l’influence de cette « normalisation » dans la structure de nos minuscules.
L’écriture caroline se distingue par sa grande lisibilité, grâce à ses proportions harmonieuses, sa rondeur, grâce aussi au fait que les lettres sont bien distinctes et bien détachées les unes des autres; elle existe encore dans l’écriture humaniste du XVIe siècle, et on en trouve encore trace dans la nôtre. Elle atteint sa perfection à la fin du IXe siècle, mais à la fin du XIIe siècle, l’écriture gothique s’impose.
En effet, les apports des maîtres anglo-saxons semblent déterminants dans cette évolution. Peu à peu, la caroline se redresse et s’étire vers le haut. Avec la gothique, on peut vraiment parler de majuscules, alors qu’auparavant les lettres des titres étaient surtout des capitales empruntées à des écritures antérieures.
Parmi toutes les écritures gothiques, les plus célèbres sont la textura, la bâtarde, certaines écritures cursives, notamment celles des chancelleries qui aboutiront au XVe siècle à une forme stylisée, la fraktur, et la rotunda, une cousine latine beaucoup plus arrondie utilisée en Italie et en Espagne.
C’est aussi la multiplication des ligatures (on colle deux lettres entre elles) et des signes abréviatifs. La lecture devient compliquée, réservée au petit monde du pouvoir et des moines érudits.
On a gardé cependant quelques ligatures telles que le œ, le æ et quelques autres dont le &, ligature du e et du t qu’on appelle esperluette (31) (et pas « et » commercial comme on l’entend dire trop souvent).
Bibliographie
- PERROUSSEAUX Yves, Manuel de typographie française élémentaire, Ateliers Perrousseaux éditeurs
- De la naissance de l’écriture à la typographie numérisée. Blog d’Isabelle Costa
- L’Aventure de l’écriture, BNF
- Itinéraire de découverte : écriture et calligraphie
- Le formidable site Gallica.
A Suivre La typographie moderne




