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Victor Bicycles/Overman Wwheel Co. Creator: Will Bradley (American graphic designer, 1868-1962) MCAD Library Date: 1896

ès la fin du XIXe siècle, la typographie est nettement moins sensible aux fait du prince, mais beaucoup plus à celle du temps. Dans la première partie du XIXe siècle, la naissance de la publicité, notamment en Angleterre, est à l’origine de la création de caractères sans empattements.

Souvent sans plein ni délié, ils s’inspirent de l’antiquité grecque, puis romaine, quand la gravure lapidaire faisait appel à cette catégorie de lettres en capitales. D’où leur nom générique d’Antiques. Pouvant supporter des graisses importantes, ils peuvent être visibles de loin. L’absence d’empattement leur permet d’être fortement étroitisés et serrés les uns contre les autres.

Le développement de la lithographie en augmente l’utilisation par la facilité des affichistes à dessiner des caractères qu’ils croyaient simples.

Avec le développement du machinisme, un autre type de caractères apparaît. On les appelle les Egyptiennes en référence au très fort intérêt pour l’égyptologie qui régnait à l’époque de leur lancement (début du XIXe siècle). Ils illustrent le travail de l’ingénieur : courbes régulières, empattements rectangulaires uniformes et fortement marqués évoquent l’assemblage de pièces de mécanique. Ils répondent également aux besoins de la publicité.

Leur utilisation sous des formes diverses – étroite, élargie, grasse ou maigre – est toujours marquée d’un fort pouvoir percutant. Ils ont été longtemps sous utilisés – on ne les trouvait que dans certaines marques ou logotypes comme le titre du journal Le Figaro – ils semblent jouir d’un petit regain d’attention ces dernières années. On pense notamment au Gotham, créé dans les années trente mais inspirés des typos industrielles et antiques du XIXe siècle et utilisé dans le logo du magazine GQ

Parallèlement, apparaissent des caractères romantiques inspirés des écritures gothiques du Moyen Age, des caractères à empattements rectangulaires très épais et une fabuleuse floraison d’autres caractères de formes décoratives, extrêmement riches et diversifiées.

L’imprimeur lyonnais Louis Perrin (1799-1865) invente, pour les besoins d’un livre, des caractères renouant avec les traditions des siècles précédant, les augustaux, en s’inspirant des capitales lapidaires romaines. Ces augustaux viennent en réaction aux didots, qui régnaient alors sans partage dans l’édition et sont à l’origine d’un renouveau typographique représenté par la famille des caractères nommés elzévir. Ce nom sera utilisé jusqu’au milieu du XXe siècle.

« Les Inscriptions antiques de Lyon », par Alphonse de Boissieu, réalisé avec les caractères typographiques des augustaux de Louis Perrin. Collection patrimoniale Bordeaux Montaigne.

Au XXe siècle, les créations de typo, avec les demandes de la publicité, se multiplient. C’est encore plus le cas avec le travail sur l’ordinateur qui permet la création de dessins de lettre sans plus de rapport avec la culture typographique. Dans ce désordre, des imprimeurs et des typographes de talents ressentent le besoin de classifier les différentes typo existantes. Nous y reviendrons.

Mais ce début de XXe siècle est foisonnement pour la création typographique. Dans la mouvance des courants artistiques ou architecturaux, de l’Art nouveau, du Modern Style, les typographes vont créer des caractères issus d’inspirations florales, des peintres s’est transformé. Ils vont s’emparer de la typographie et l’utiliser dans leurs compositions picturales et le futurisme déstructure la mise en page, utilisant de nombreux caractères de différents corps.

En 1931, le journal londonien The Times demande à Stanley Morison de créer un caractère mieux adapté aux contraintes de la presse. L’année suivante sortait le times qui se caractérise par des ascendantes et des descendantes courtes, permettant de mettre davantage de lignes dans les colonnes tout en conservant une excellente lisibilité

Plus de quatre-vingts ans après, ce caractère reste un des grands classiques de la presse.

Mais les créations sont maintenant infinies.

Bibliographie