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Texte de Virgile en rustica, illustration représentant Virgile.
En haut, la quadrata. En dessous, la rustica du 12e siècle
La capitale romaine a donné naissance à de nombreux caractères manuscrits, bien structurés, et d’un certain raffinement dans le dessin des lettres, avec des traits plus ou moins larges, affinés à l’extrémité. Cette élégance déterminera les normes de notre alphabet.

Au VIe siècle après JC, les Romains créent la Capitalis quadrata, ou quadrata, dans laquelle se reconnaît la trace de l’instrument utilisé pour écrire, notamment la plume d’oie sur parchemin ou papyrus. Cette graphie à l’aspect carré (d’où son nom) était surtout utilisée pour transcrire des textes littéraires. Une lettre de luxe qui si elle a laissé des traces n’en a pas moins connu un succès de courte durée

 

Mais la capitale la plus utilisée est la Rustica, créée au Ier siècle après JC. Elle permet en effet un tracé beaucoup plus rapide. Elle est utilisée pour les livres. Elle est aussi peinte sur les murs pour des annonces publiques. Véronique Sabard Geneslay rapporte que des archéologues ont découvert des affiches électorales peintes sur les murs de Pompéi (79 apr. J.-C.) utilisant ce type d’écriture.

C’est à cette époque que l’écriture, de lapidaire se fait cursive. Dans la vie quotidienne, on écrit des lettres, des quittances, des graffitis, des diplômes, des contrats, des billets au porteur. Les lettres capitales s’adaptent, s’arrondissent. Leurs dessins se simplifient. On comence à lier les lettres entre elles… Cette écriture vulgaire (de vulgus, « multitude »), nommée cursive romaine, prend deux formes : la plus ancienne (IIe siècle av. J.-C.) est encore une capitale ; la plus tardive donne corps à une nouvelle structure de lettre, la minuscule (IIIe siècle).

A gauche, le ductus de la rustica. A droite, de déformation en déformation du tracé des lettres pour aller plus vite, l’apparition des lettres minuscules. En effet, pour les textes officiels, les Romains écrivaient en capitale. Mais pour les besoins courants, ils préféraient une écriture à main levée, appelée cursive romaine, dans laquelle apparaissent des formes minuscules.
A la fin de l’Empire romain d’Occident, l’Eglise a alors quatre siècles d’existence. Elle a fait du latin sa langue sacrée (ce qui l’a d’ailleurs sauvée) et l’écrit en caractère latin (ce qui a aussi sauvé cette écriture). Au moment des invasions barbares, tous les trésors culturels de l’Occident sont abrités dans les monastères ; dogmes religieux, philosophie, littérature, livres sacrés, langue et écriture. Dans ces monastères, la réalisation de livres calligraphiés permet non seulement de fixer et de transmettre les connaissances religieuses ou profanes, mais aussi une source de revenus non négligeable.
L’onciale. Détail d’un évangéliaire de l’abbaye e Fécamp. VIIIe siècle.
C’est dans ce contexte qu’apparaît l’Onciale, une écriture précieuse, longue à calligraphier, utilisée jusqu’au VIIIe siècle pour des ouvrages soignés. C’est en fait un écriture ancienne, née en Afrique du Nord au IIe siècle après JC. Des ­documents originaires de Chine et d’Egypte semblent attester de son existence très ancienne. Son emploi s’est prolongé jusqu’au VIIe siècle grâce à certaines ­variantes inclues au cours des âges.
L’onciale « survit » encore de nos jours dans de nombreux pubs irlandais ou établissements de ce pays (sous sa forme semi-onciale Irlandaise) où elle apporte une touche traditionnelle.

Elle réussit à prendre son plein essor grâce à son emploi officiel dans tous les textes chrétiens. Elle devient en effet le mode d’écriture majeur à partir du IIIe siècle.

Son emploi se généralise, en fait, pour des raisons essentiellement politiques : cette nouvelle écriture est venue s’opposer à la graphie employée par l’empire romain (Rustica et Capitale romaine). En adoptant un nouveau style, cette religion naissante creuse encore le fossé qui la sépare des textes romains et païens.

L’écriture est non seulement un fondement de la démocratie, mais c’est aussi un élément politique fort dont vont s’emparer bon nombre de dirigeants.

Bibliographie