Des châteaux en Espagne

Des châteaux en Espagne

Des châteaux en Espagne

Laure
Photos : Laure et Lou Colmant
5 avril 2016
Tome 1 : sur la route.

Votre mission, si vous l’acceptez, emmener votre famille chez votre mère en Espagne. Pour la mener à bien, vous devrez louer une voiture, et faire les 1200 kilomètres sans accident.

1200 kilomètres ! mazette ! il faut se les mériter les vacances en Espagne. D’autant que le Nôm n’est pas très chaud pour m’accompagner. De toute façon, il n’a pas de permis et je suis la seule au volant. J’accepte quand même. Le futur me dira si j’ai raison.

Au départ, je me dis : je fais le voyage d’une traite. Après tout, Tarragone n’est pas plus loin de Paris que Nice. Ainsi, on pourra suivre dimanche les festivité de pâques. J’adore Pâques en Espagne. C’est une fête fastueuse et authentique. Elle a un air de carnaval. Quand j’étais gamine, mes parents sont partis passer une semaine sainte en Espagne et en avaient ramenés des images qui m’avaient fait rêver. Je connais bien ce pays, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’y fêter Pâques avant l’an passé lorsqu’on m’avait déjà assigné cette mission…
Bref, je voudrais faire le voyage d’une traite sauf que :
– Jeudi, en voulant ramasser un truc sur le canapé, je me suis fait mal au dos. Un très joli lumbago, du genre où il faut rester couché pendant plusieurs jours.
– Jeudi toujours (il y a des jours où il vaudrait mieux rester coucher, surtout pour le dos), je reçois un coup de fil de ma mère qui me dit que, tout compte fait, elle préfère me voir arriver dimanche… Euh, elle ne pouvait pas me le dire plus tôt ?

Heureusement, j’ai un très bon réseau de copines, et l’une d’elles m’a donné l’adresse d’un petit hôtel pas trop cher, chez qui, par miracle, il reste deux chambres. C’est que, non seulement c’est un départ en vacances, mais en plus un départ en week-end. Et tout le monde de me dire : « Ben au moins, tu ne seras pas seule sur la route… »

Dans les embouteillages, on pense au temps tout le temps…

213-1355_IMGLa première chose fut d’aller récupérer le véhicule. Lever 7 heures, derniers réglages sur l’ordi, petit-déjeuner, levage du reste de la famille… Les filles, excitée immédiatement. Léone notamment pour qui aller chez Mamie est aussi simple que d’aller à l’école. A 1200 kilomètres près, oui, ma chérie…
Y avait déjà du monde au guichet du loueur de voiture. Dieu sait que je vais régulièrement chez lui, mais c’est la première fois que je voyais autant de clients en même temps… Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille… Mais non, confiante et heureuse, j’attendais benoîtement. Quand mes yeux sont tombés sur un tableau, affiché au mur, et visiblement montrant, en temps réel, les bouchons ! Aïe, il y en avait un juste là où je voulais passer.

A chaque fois que je raconte nos départs en voyage, je raconte la réaction des filles quand elles découvrent la voiture. Aujourd’hui, elles ne m’ont pas déçue. Comme nous ne connaissons jamais à l’avance le modèle exact qui nous est alloué, c’est la surprise est à chaque fois au rendez-vous. Au voyage précédent, j’avais réservé un genre Laguna et nous avions eu une superbe Alfa Romeo. Cette fois-ci, toujours la même Laguna réservée, et c’est une Mégane Scenic qui nous échoit… Et Léone me regarde avec des yeux morts d’amour : « Elle est belle ta voiture maman. »

Bon voiture chargée, enfants dans la voiture, mari dûment attaché (la voiture couine si on ne met pas sa ceinture et ça devient très vite insupportable), nous partons enfin vers d’autres cieux. Il est 9h30, au niveau timing, c’est parfait…

Ça commence par le périphérique. Légère inquiétude quand je m’engage porte de Saint-Ouen, les voitures semblent rouler au pas. Mais ce n’est qu’un mauvaise impression, dès que nous sommes sur la voie, tout roule. Il fait beau, il est tôt, la vie est belle et c’est tant mieux.

Quelques portes plus loin, Lou fait : « Pfff, y a pas d’embouteillages, ils se sont trompés ». Ayant sur la vie un regard disons plus expérimenté, je m’empresse de lui répondre que nous ne sommes pas arrivés et que l’embouteillage annoncé peut très bien se produire à tout moment. J’ai à peine fini de prononcer ces mots que ça freine brutalement autour de nous. Autant le dire tout de suite, je ne repasserai pas la troisième avant trois heures. Les trois heures que nous mettrons à parcourir la distance entre Paris et le péage de Saint-Arnoud soit environ 50 kilomètres. Tiens, je n’ai même pas le courage de faire le calcul pour connaître ma vitesse de croisière.

Nous avons le temps de compter les brins d’herbe sur le bas coté. Et on le ferait si on ne se passait pas les nerfs l’un sur l’autre le Nôm et moi. C’est chacun son tour. Et si une des filles s’avise de se mêler de quoi que ce soit, ce sont les deux contre les filles. Sale temps pour les mômes.

Avril 2004

On parle souvent des enfants qui ne sont pas sages, en l’occurrence, là, ce sont plutôt les parents. Les minutes filant, nous finissons par prendre notre mal en patience et à revoir nos objectifs. En fait, c’est de là que ça vient, on se fixe un but : arriver avant 18 heures à Narbonne. Et quand on voit que ce but s’éloigne de plus en plus des choses du possible, on s’énerve, alors qu’il suffit de changer d’objectif… Je finis par me dire que si on arrive entre 20 et 21 heures à Narbonne, la soirée n’est pas morte non plus… On s’est d’ailleurs mis à avancer beaucoup plus vite quand j’ai eu décidé que nous avions le temps finalement.

Après Saint-Arnoud, le ciel a commencé à se couvrir. Nous nous sommes arrêtés assez vite pour pique niquer. Et surtout pour faire pipi. Parce que dans les embouteillages, on n’avance pas mais on ne peut pas s’arrêter pour autant… Deux WC à la turque devant lesquels attendait une foule impressionnante de dames tout aussi pressées que moi. Pas la peine de leur faire du charme pour passer devant. Mais comme je n’ai pas les deux pieds dans le même sabot, j’ai fait le tour du bâtiment et ai trouvé les WC pour handicapés devant lesquels il n’y avait personne. Pas beaucoup plus propres que les autres, mais ceux-là avaient le mérite d’être libres…

Il y a quelques années (je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans…) deux journalistes avaient fait le tour des aires de stationnement des autoroutes et en avaient fait un guide. Je ferai bien la même chose avec les toilettes des aires. Cuvette or not cuvette, à la turque ou pas, papier toilette ou pas, nettoyage régulier ou laissé aller… Un guide trois étoiles de chiottes d’autoroute. Voilà qui serait d’utilité publique. Que personne ne me prenne l’idée, elle est déposée.

Nous revoilà partis à l’assaut des kilomètres, avec les filles qui l’une après l’autre entonnent le refrain de tout gamin embarqué dans une voiture pour un voyage qui leur semble déjà durer une éternité : « C’est bientôt chez Mamie. » Là, mieux vaut être franc : « Non, c’est encore très très loin. » Avec un ton de plus en plus ferme et de plus en plus agacé, qui finira généralement en fin de journée par : « La prochaine qui me pose cette question je lui mets la main dans… (censuré, faudrait pas que vous pensiez que je bats mes filles). »

Après Orléans, bifurcation vers Clermont-Ferrand, et là, la route est à nous. Il n’y a quasiment plus personne. Ou presque… Entre Clermont et Saint-Flour, bien planquée derrière un bosquet, une voiture de gendarmerie et un beau flash… 150 km/h, je suis bonne comme la romaine. Le gros problème de ces voitures ultra-confortables et assez puissantes, c’est qu’on dépasse les 130 sans même sans rendre compte. Il faut rouler l’œil rivé sur le compteur alors qu’on devrait l’avoir sur la route… Lorsque j’avais ma Fiat Panda, outre que je ne pouvais dépasser les 130 qu’en descente, elle se mettait à vibrer tellement que je ne risquais pas de ne pas m’en rendre compte. D’un autre coté, 1200 kilomètres en Fiat Panda, j’ai pratiqué (et même beaucoup plus alors que j’étais enceinte jusqu’aux yeux), et je déconseille, surtout avec le dos en capilotade. On en sort avec des bourdonnements d’oreille qui durent quelques jours et des sensations de vibration qui vous font continuer la route au fond de votre lit quand, enfin, vous dormez…

Bref, flashée en pleine descente (évidemment, dans une côte, y aurait eu moins de clients), ce sont les seuls gendarmes que je verrai du week-end, je ne souhaite pas en voir d’autres franchement. Ceux-ci vont me coûter assez cher.

La montagne, on la gagne…

Ce n’est pas la seule surprise que nous allions avoir dans ce massif dit central… La neige s’est mise de la partie. La température extérieure était tombée à 3 °C. Frisquet quand même alors que nous étions censés rouler vers le soleil. Et de la neige à Chaudes-Aigues, cela a de quoi faire sourire (même si c’est sans doute très fréquent l’hiver). Cela n’incite pas aux poses réglementaires. Nous faisons un rapide arrêt pipi et le goûter se prend dans la voiture en roulant.

Saint-Flour, Chaudes-Aigues, La Margeride… L’Auvergne défile laissant peu à peu place au Gévaudan et à la Lozère. Le ciel est sombre comme si la nuit allait tomber d’un coup, alors qu’il n’en est rien. Millau s’annonce enfin, fin provisoire de l’autoroute et arrêt ravitaillement pour la vaillante voiture dans une grande surface aux tarifs abordables. Surtout pour un diesel…

Le viaduc est encore en cours de construction. Il faut donc descendre vers la ville, la contourner. Puis  grimper sur le plateau du Larzac. J’aime cet endroit et je comprends bien pourquoi, il y a quelque temps, certains se sont battus contre un projet d’agrandissement de la base militaire. Quel dommage cela aurait été. Gardarem Lou Larzac, et comment. C’est si beau avec ces paysages ruiniformes, ces rochers érodés, ces landes propices au mouton. Une bonne porte pour pénétrer les Cévennes toutes proches.

Léone litLou, pour se désennuyer, prend plein de photos. D’ailleurs, toutes celles de ce post ou presque sont d’elle. Léone s’est mise à lire. C’est impressionnant cette capacité qu’ont les enfants qui ne savent pas lire à s’approprier les livres des autres et à s’y absorber. Elle est la première à m’avoir piqué mes bouquins. Elle a « lu » tous ceux à sa portée : Yourcenar, Giono… Du facile. Enfin, dans la voiture, c’est le magazine de Lou : Witch. Un truc pour jeune pré-pré ado qui fascine également Garance…

Descente vers le Languedoc, les kilomètres continuent de défiler. La nuit tombe vraiment, les nuages étant restés accrochés aux volcans auvergnats, nous avons droit à un coucher de soleil des plus violacés. Magnifique.

Vers 21 heures, enfin, Narbonne s’annonce. Il était temps, je n’en peux plus. Mon dos non plus. Nous repérons l’hôtel et filons nous restaurer à la cafétéria du Géant Casino. Ce n’est pas une étape gastronomique. Juste du ravitaillement. Fin de service visiblement. Mais nous pouvons dîner tout de même. Grand moment, le choix des enfants. Lou sait tout de suite ce qu’elle veut manger. Pas Garance. Elle veut des frites. Oui mais quoi avec les frites. Ben des frites. Bon, d’accord, des frites, mais avec de la viande hachée, un steak ? Non des frites. J’aurais dû l’écouter. On négocie un morceau de poulet qu’elle laisse dans son assiette sans quasiment y toucher… Léone veut du jambon et des frites, pas de soucis. Fritz et moi optons pour une paella. Je sais très bien qu’une paella de Casino, ça ne peut pas être terrible. Je n’ai pas été déçue. Enfin, c’était quand même mangeable.

Au moment du dessert, Garance me fait une scène parce qu’elle veut justement le yaourt qu’a pris Léone. L’autre est à la cerise, elle aime beaucoup d’habitude, mais là, elle n’en veut pas, elle veut celui de Léone qui est à l’abricot. Comme il n’y en a pas d’autre de ce parfum, je lui intime l’ordre de manger son yaourt et d’arrêter de me faire ch…

Elle obtempère tout en nous donnant un aperçu de son talent de comédienne. Nous avons droit aux larmes de souffrance, aux grimaces désespérées et même au haut-le-coeur. Là, grosse colère de la maman qui a une capacité de patience assez limitée ce soir. Je lui fais manger son dessert en enfournant de grandes cuillerées dans une bouche tremblotante mais qui n’ose plus rien dire de peur de franchir définitivement les limites… Nous rejoignons l’hôtel. Et là grosse angoisse. Après 18 heures, plus de réception, un code pour entrer dans l’enceinte du bâtiment et un distributeur de clé. En fait, le distributeur ne marche que lorsqu’il reste des chambres à louer, ce qui n’est pas le cas. Mais je ne le savais pas. Et comme il ne marche pas, je me demande vraiment comment récupérer ces maudites clés. Ce sont d’autres clients, arrivés peu de temps après nous, qui nous informent qu’elles nous attendent dans nos chambres. En toute simplicité. Gros soulagement.

J’installe les filles dans leurs chambres. Très réjouies de dormir toutes les trois dans le même lit et surtout de pouvoir regarder un peu la télévision avant de dormir. C’est vrai, cela n’aurait pas été humain de les installer dans une pièce où il y a un poste qu’elles n’auraient pas eu le droit de regarder.

Je regagne la mienne, où le Nôm était déjà installé devant le foot. J’allume donc mon ordinateur, histoire de vider mon appareil photo (Lou s’étant déchaînée dans la voiture), et d’écrire. Mais je pique du nez bien avant.

Escale à Port-Vendres

Le lendemain, je n’ai pas l’impression d’avoir dormi, j’ai l’impression d’avoir comaté grave. À un moment, par acquis de conscience, j’ai demandé l’heure au Nôm. Il était 9 heures du matin. Plus qu’une heure pour prendre le petit-déjeuner. Je file dans la chambre des filles qui sont évidemment déjà réveillées depuis un certain temps et qui ont allumé la télé. Branle bas de combat. Elles filent à la douche sans demander leur reste, moi aussi. Un quart d’heure après, montre en main, nous descendons et rejoignons la salle des repas. Pain, pain au chocolat, croissants, jus de fruit… Tout pour allécher les petites, mais c’est quand même moi qui aie mangé le plus de croissants. Gourmande, moi ? Meuh non…

Bagages pliés, nous repartons en voiture, direction Perpignan, Collioure et Port-Vendres où nous avons décidé de déjeuner. Le chemin des écoliers, c’est pour nous. Après une journée d’autoroute, nous l’avons bien mérité. Et puis je n’ai pas envie d’arriver trop tôt chez Madame mère…

La campagne est belle. Léone s’extasie sur les « toumoulins », les éoliennes qu’elle confond avec des moulins à vent. Nous traversons Perpignan, prenons la direction d’Argeles, la mer, enfin. Nous suivons la cote, si belle et dont le rivage est si plein de locations d’été vides que je me dis que ce serait une bonne idée pour des vacances prochaines, pas en été, mais à la Toussaint, ou à Pâques…

Collioure est superbe dans son écrin d’émeraude. Mais nous la laissons dormir sous le soleil. En ce dimanche de Pâques, nous craignons la foule. Alors nous choisissons une étape plus petite, Port-Vendres. J’ai visité toutes ces petites villes enfant, mais je n’en ai aucun souvenir. Nous trouvons une place où parquer notre véhicule sur le port.

Lou porte mon sac

Lou porte mon sac

Nous partons, le nez en l’air. Enfin, en l’air. J’ai le dos tellement cassé que je marche légèrement courbée. Une petite vieille. Nous longeons le quai. Fritz devant, loin, avec Garance, et moi avec Lou, qui porte mon sac, et Léone. Puis je vois Fritz s’arrêter et me faire de grands signes : une pharmacie, il a trouvé une pharmacie ouverte le dimanche de Pâques ! Le nirvana. Je me précipite à l’intérieur et expose mon souci à M. Le pharmacien :
– j’ai un lumbago depuis deux jours, je viens de faire quelque 900 kilomètres, j’en ai encore 300 à faire et c’est moi qui conduit. Donc quelque chose qui soulage, mais qui ne shoote pas.
– Mais oui, mais bien sûr, j’ai ce qu’il vous faut.
Le saint homme, non seulement il est ouvert le dimanche de Pâques, mais en plus il a ce qu’il me faut. Je bénis les pharmaciens…

Nous reprenons notre promenade en regardant les restaus. Nous avions dans l’idée de petites tapas, de poisson grillé, de sardines notamment. Mais tous les restos affichent des menus gastronomiques et pascals. Bien trop copieux et bien trop chers. Nous en repérons un qui fait un menu poisson grillé sur la terrasse, exactement ce qu’il nous faut. Mais comme nos estomacs ne sont pas encore affamés, nous décidons de faire un tour en ville avant que de nous installer. Une fois le tour du port effectué, y a pas grand-chose d’autre à faire. Nous montons quelques escaliers qui donnent sur des petites rues sans grand intérêt ou, de plus, les voitures roulent trop vite. Les escaliers, eux, sont jolis. Mais en fait, je n’ai pas tellement envie de visiter quoi que ce soit, beaucoup trop mal au dos…

Nous retournons donc au restau pour déjeuner, mais entre temps, le fameux menu a disparu. Et ce que nous commanderons à la place sera cher et pas terrible. Grosse déception. Ce repas-là nous coûtera autant que les deux chambres et les petits déjeuners… Et puis évidemment, avec les petites, c’est toujours la même histoire. Garance fait des difficultés, n’aime rien, prend des airs de martyrs. Léone commence à prendre le même chemin. Après bien des tergiversations je leur commande des crevettes et des frittes. En principe pas de problème. Je guette du coin de l’œil la réaction de Garance. Mais ce coup-ci, elle a l’air parfaitement heureuse. Tant mieux.

C’est du côté de Léone que viennent les soucis. Elle fait la moue. Elle qui d’habitude pique les crevettes jusque dans l’assiette de son père, refuse les siennes et chipotte. Le Nôm et moi nous les partagerons.

Lou, par contre, est une bonne mangeuse. Elle s’est choisi un plat consistant, des pâtes avec des fruits de mer et elle finit tout. Je la laisserai faire, elle lècherait même l’assiette tant elle aime.

Et puis il y a tellement de monde, même si les serveurs sont efficaces et très gentils, nous attendons trop longtemps entre chaque plat. Enfin nous sortons de table. Les deux petites s’amusent un temps sur une voiture d’enfants. Comme si elles n’en font pas assez, de voiture. Ah ! les mômes, toujours surprenants.

Sur la route de l'Espagne. Avril 2004

Nous traversons la rue pour admirer les bateaux. Léone et Garance me demandent pourquoi ils sont attachés. Je leur explique que, sinon, la mer les prendrait, qu’ils partiraient et qu’on ne pourrait plus monter dedans. Elles prennent un air grave et embêté… Nous arrivons à la voiture, et nous reprenons notre périple.

Sur la route de l'Espagne. Avril 2004

Chemin des écoliers

Banyuls, Cerbère, Port-Bou… La cote est magnifique et me rappelle bien des souvenirs, quand je partais en Espagne en train, la douane française montait dans le train à Cerbère et tout le monde descendait à Port-Bou. Les douaniers pour retourner à Cerbère et les voyageurs pour changer de train.

Cela dit j’ai toujours trouvé très incroyable qu’une ville frontière s’appelle Cerbère. A ce niveau-là, il ne peut y avoir de coïncidence. Il faudra que j’étudie la question de façon plus approfondie. En tout cas, de cerbère ni de douaniers nous ne voyons la casquette, le poste-frontière est désert, désaffecté même, vestige d’une autre époque. Nous voici en Espagne !

Nous continuons à longer la côte, toujours aussi belle. Je vire à droite, puis à gauche et encore à droite en encore à gauche. Ce n’est rien de dire que la route serpente. Heureusement, aucune des filles n’est malade en voiture. Le jet de vomi dans le cou, j’apprécierais moyen.

Sur la route des vacancesLéone s’est endormie. Elle ne verra rien des virages ni de la mer qu’elle attend pourtant avec tant d’impatience. Garance succombe à son tour. C’est l’heure de la sieste. Un moment de tranquillité. Lou, depuis la veille, a confisqué mon appareil photo. Sauf à photographier en conduisant, ce qui m’est arrivé une fois (je sais, ce n’était pas prudent, une idée idiote…), il est vrai que je n’en ai pas besoin. Alors elle mitraille, une façon pour elle de se désennuyer. Elle finira pourtant par sombrer elle aussi, et ce sera à mon tour de la prendre en photo dans le rétroviseur installé pour surveiller la banquette arrière. Décidément très pratique cette Scénic ! Ce serait parfait si le Nôm ne piquait pas lui aussi du nez. Je traverse un terrible moment de solitude…

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Arrivé à Llança, nous bifurquons vers Figueres, nous quittons la mer pour rejoindre l’autoroute. La balade, c’est sympa, mais il y a un moment où il faut être efficace. En Espagne, la limitation de vitesse est de 120 km/h. Mais c’est à se demander si ce n’est pas la limite inférieure sous laquelle il est interdit de descendre. À 150 km, je suis doublée par la plupart des voitures. Des Motards de la Guardia civil ? Oui, j’en ai vu, aux péages… Pas l’endroit où l’on roule le plus vite. De toute façon, après Barcelone, la vitesse c’est finie. En effet, une des deux voies de l’autoroute est condamnée, sans qu’il y ait de travaux particuliers. En tout cas, rien de visible. Mais nous sommes condamnés à nous suivre à la queue leu leu, sans dépasser le 80 à l’heure. En fait, on ne se rend compte qu’on est sur une autoroute que grâce au péage, toujours aussi cher. Té ! c’est bien la peine !

À 18 heures enfin, Tarragone est en vue. Je retrouve le chemin sans problème. En cinq minutes, nous sommes au pied de l’immeuble de ma mère. Et nous trouvons, par miracle, une place immédiatement, juste en bas. Un vrai bonheur. On sonne à la porte, les petites se précipitent sur leur grand-mère et moi dans le canapé. Je n’en peux plus. Je ne veux plus ni marcher ni porter quoi que ce soit. À partir de ce moment, j’ai rempli ma mission. Qu’on n’attende plus rien de moi. C’est si bon d’être enfin à la maison…

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